Imaginez : ce n’était pas une ville, mais un village dont le chef était le curé. Ce village avait son centre à côté du château de Boulogne, à l’endroit appelé « le Crocq ». Il y avait là une petite église Saint-Martin, en pierres de Marquise, et un cimetière attenant.
Le village de Saint-Martin enserrait Boulogne : il comprenait tout ce qui était extérieur aux remparts. Dans les remparts et autour de l’église Saint-Nicolas = Boulogne. Le Dernier Sou, les Tintelleries, Bréquerecque, le Vieil Atre, la route de St Omer toute entière étaient à Saint-Martin. Pour la justice, Saint-Martin dépendait de Boulogne. Mais pour la vie quotidienne, Saint-Martin était autonome. Tant que le curé était d’accord, tout allait bien.
Bien sûr, il n’y avait pas autant de commerces à Saint-Martin qu’à Boulogne. En tout cas, au Crocq, il y avait déjà des tavernes où le vin et la bière coulaient à flots… Les Tintelleries étaient le quartier des teinturiers, à Bréquerecque on trouvait la maladrerie de la Madeleine pour les pauvres lépreux, à Bertinghen se trouvait le terrible gibet où l’on pendait les malandrins sur la colline pour qu’ils soient vus par les voyageurs sur la route de Paris.
En 1544, les Anglais s’emparèrent de Boulogne qu’ils avaient déjà tenté de prendre à plusieurs reprises. Le quartier du château fut tout démoli. L’église Saint-Martin souffrit beaucoup. C’est alors qu’un noble proposa de la reconstruire en haut de la route de Saint-Omer, sur sa terre. Aussitôt dit, aussitôt fait, l’évêque accepta la reconstruction en 1550.
Une nouvelle église Saint-Martin fut construite, et, du coup, les commerces se déplacèrent aussi, et l’on construisit beaucoup sur la colline. Le village de Saint-Martin avait, on peut le dire, déménagé… (à suivre).
Isabelle Clauzel.